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Entretien avec l'économiste Driss Benali : «Le Maroc est en train d'hypothéquer l'avenir des générations futures»
* Le règlement anticipé de la dette intérieure risque de créer des tensions inflationnistes.
* Le recours aux maturités «long terme» permet à l'Etat d'être relativement à l'aise dans le remboursement de la dette.
Finances News Hebdo : Depuis quelques années, le Maroc s'est efforcé de réduire sa dette extérieure au détriment de sa dette intérieure. Quel est l'impact de ce choix sur les Finances publiques ? Et comment jugez-vous l'arbitrage que fait le Trésor entre dette extérieure et dette intérieure ?
Driss Benali : La dette extérieure a baissé, mais c'est la dette intérieure qui a augmenté. Celle-ci a un impact relativement significatif sur l'économie. Pourquoi ? Parce qu'elle engendre ce que l'on appelle l'effet d'éviction. Ça veut dire que l'Etat dispose d'une partie de l'épargne nationale et la détourne pour combler le déficit budgétaire au lieu de la laisser jouer son rôle de financement de l'investissement. Sur ce plan, le système bancaire y a aussi sa part de responsabilité. Les banques préfèrent à la limite financer l'Etat via les bons du Trésor plutôt que l'investissement. Pour les banques, l'Etat est plus sûr. Donc, la dette interne, en se développant trop, puise dans l'épargne nationale et, ce faisant, réduit les possibilités d'investissement dans le pays en ce sens que l'Etat dispose de cette épargne pour combler son déficit au lieu de la laisser à la disposition de l'investissement.
L'Etat opte plus pour la dette intérieure car il n'a aucune emprise sur la dette extérieure. Il peut y avoir un changement qui vous échappe totalement. La dette interne, en revanche, est à la limite maîtrisable. Elle peut en partie être financée par l'inflation qui, soulignons-le, reste toujours maquillée car ne prenant pas en compte plusieurs éléments dont, entre autres, le prix du foncier et de l'immobilier qui connaissent actuellement une surchauffe anormale.
F. N. H. : Concernant la dette extérieure, le ministre des Finances a affirmé que l'essentiel de la dette devient libellé en Euro permettant une couverture contre le risque de changes. En quoi cette option est-elle tenable sachant que le Dirham s'est déprécié par rapport à l'Euro et s'est apprécié par rapport au Dollar, ces derniers temps ?
Entretien avec l'économiste Driss Benali : «Le Maroc est en train d'hypothéquer l'avenir des générations futures»
Charaf Jaidani et Mehdi Michbal
Publié dans Finances news le 21 - 02 - 2007
* Le règlement anticipé de la dette intérieure risque de créer des tensions inflationnistes.
* Le recours aux maturités «long terme» permet à l'Etat d'être relativement à l'aise dans le remboursement de la dette.
Finances News Hebdo : Depuis quelques années, le Maroc s'est efforcé de réduire sa dette extérieure au détriment de sa dette intérieure. Quel est l'impact de ce choix sur les Finances publiques ? Et comment jugez-vous l'arbitrage que fait le Trésor entre dette extérieure et dette intérieure ?
Driss Benali : La dette extérieure a baissé, mais c'est la dette intérieure qui a augmenté. Celle-ci a un impact relativement significatif sur l'économie. Pourquoi ? Parce qu'elle engendre ce que l'on appelle l'effet d'éviction. Ça veut dire que l'Etat dispose d'une partie de l'épargne nationale et la détourne pour combler le déficit budgétaire au lieu de la laisser jouer son rôle de financement de l'investissement. Sur ce plan, le système bancaire y a aussi sa part de responsabilité. Les banques préfèrent à la limite financer l'Etat via les bons du Trésor plutôt que l'investissement. Pour les banques, l'Etat est plus sûr. Donc, la dette interne, en se développant trop, puise dans l'épargne nationale et, ce faisant, réduit les possibilités d'investissement dans le pays en ce sens que l'Etat dispose de cette épargne pour combler son déficit au lieu de la laisser à la disposition de l'investissement.
L'Etat opte plus pour la dette intérieure car il n'a aucune emprise sur la dette extérieure. Il peut y avoir un changement qui vous échappe totalement. La dette interne, en revanche, est à la limite maîtrisable. Elle peut en partie être financée par l'inflation qui, soulignons-le, reste toujours maquillée car ne prenant pas en compte plusieurs éléments dont, entre autres, le prix du foncier et de l'immobilier qui connaissent actuellement une surchauffe anormale.
F. N. H. : Concernant la dette extérieure, le ministre des Finances a affirmé que l'essentiel de la dette devient libellé en Euro permettant une couverture contre le risque de changes. En quoi cette option est-elle tenable sachant que le Dirham s'est déprécié par rapport à l'Euro et s'est apprécié par rapport au Dollar, ces derniers temps ?